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III
préface

Midi. La gaucherie des mots me découragea et, remettant l’ouvrage à des temps de sagesse et de force supérieure, je me rejetai sur une étude de la Provence. Quelques lieux que je courre, c’est toujours à celui-là que je reviendrai ; c’est là que tout me ramènera mort ou vif.

Platon a écrit de l’Attique : « Notre pays a éprouvé ce qui arrive aux petites îles ; si on le compare dans son état actuel à ce qu’il était autrefois, on le trouvera semblable à un corps malade qui n’a conservé que ses os et, tout ce qu’il renfermait de terre molle et grasse ayant coulé autour du rivage, il ne présente plus que l’apparence d’un corps décharné. Mais, quand il était dans son intégrité… etc. »

Ce paysage d’un trait léger et presque aérien répond parfaitement aux lignes que je trouve gravées sous ma paupière quand je ferme les yeux. Si l’on en veut le nom précis, c’est toute la portion palustre et maritime de l’arrondissement d’Aix. L’indication servira de peu aux touristes. Il est aisé défaire cette course sans y rien voir ; la vraie beauté ne touche que les âmes qu’elle a choisies.

Des intelligences peu avancées me feront le reproche de soumettre la science du beau à la loi des lieux et des races. Mais leur censure me ménage la plus facile des répliques. Ce que je loue n’est point les Grecs, mais l’ouvrage des Grecs et je le loue non