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ANTHINEA

Je l’assurai que j’y perdrais mon latin et mon peu de grec, s’il ne me mettait sur la voie.

— Ma patrie, dit-il, se découvre au couchant de l’Attique, sur la route marine de la fabuleuse Hespérie. Elle appartient aux lointains royaumes de l’Occident, et le char du soleil y descend à peu près une heure plus tard qu’à Athènes.

— L’heure française, dis-je.

— L’heure française.

Il ricanait, tout enflé de son avantage.

— Observez, reprit-il, comme je suis honnête. Je vous ai épargné le tiers de la difficulté, ne m’étant prévalu devant vous que de deux patries. À vous dire vrai, j’en ai trois.

Fabuleux citoyen de trop de patries ignorées ! Sans doute que je fis trop sensiblement éclater mon admiration pour cette espèce de trigamie politique.

— Trois patries, mon hôte, et lesquelles ! Trois belles patries à la fois, telle est ma part, la légitime, sans compter tout ce qu’il me divertira d’usurper !

Et, dédaigneux jusqu’à l’imprudence :

— Vous me savez né de la France et de la Grèce ; apprenez encore que je suis encore de la giboyeuse Cyrnos.

J’étais trop fait à la manière ultra-grecque du promeneur pour ne point traduire instantanément Cyrnos par notre Corse. Mais ce nom pro-