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ANTHINEA

sur la droite un rôle équivalent à celui d’Iris sur la gauche.

Elle crie du côté où la lune se couche ce que l’Iris publie du côté du soleil levant. C’est la Victoire annonciatrice. Elle est fort belle et glorieuse. Mais les personnes qui l’écoutent la surpassent infiniment pour le caractère et pour la beauté. Ce sont les trois figures que l’on est convenu de nommer les Parques. Il ne peut me déplaire de voir dans ces grandes statues assises ou couchées une figure en trois personnes de la Mort. Car la Mort elle-même doit être avertie que le monde s’est enfin senti et connu sous la forme d’éternité, dans ses rapports invariables, dans ses lois qui ne branlent point. Jésus est descendu aux limbes quand tout a été consommé : la Victoire annonciatrice de Phidias avait illuminé, quatre cents ans plus tôt, les divinités de l’enfer.

Chacun des mouvements de ces Parques forme un chef-d’œuvre dans le sein même du chef-d’œuvre. La première, tout à fait libre, quitte déjà le sol ; son corps est soulevé de force intérieure, tout l’être suspendu au discours de la messagère, ordonné, disposé et comme modelé par la nouvelle qu’elle entend. Sa sœur, plus lente en apparence. C’est qu’elle est retenue. Sur ses genoux, entre ses bras, languit le corps couché de la troisième Parque à laquelle elle vient de redire l’événement. Fine et tendre dans ce