Page:Maurois - Ni ange, ni bête, 1919.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée

de bagages, de robes et déploraient que le chemin de fer ne fût pas terminé. Philippe, silencieux, méditait.

Vers le soir, Catherine et Mademoiselle étant sorties un instant pour recevoir une paysanne, il s’approcha brusquement de Geneviève qui, debout près de la fenêtre, regardait le jardin endormi sous la neige.

« Avant que vous ne partiez, dit-il très vite, il y a quelque chose que je voudrais vous demander : ne croyez-vous pas que nous pourrions être heureux ensemble ?

— Non, monsieur, répondit-elle sèchement, et elle sortit en courant.

Philippe étant allé sans le savoir jusqu’au perron, respira profondément l’air glacial, et regarda longtemps les masses blanches des sapins. Dans la blancheur uniforme des choses, les troncs d’arbres mettaient de larges bandes noires qui supportaient les traits fins et nets des branches et des rameaux.

« J’ai joué mon bonheur sur une phrase,