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main de Geneviève pour la pointer vers un coin de ciel.

Il leur prêtait des livres qu’il aimait et auxquels Geneviève reprochait souvent de manquer de naturel. Ils les discutaient en de longues promenades sur les bords majestueux de la Somme : les jeunes filles se tenaient par la taille et prenaient un plaisir, peut-être ingénument adroit, à s’embrasser devant Philippe. Il écoutait avec une joie toujours fraîche la voix claire de Geneviève, tandis qu’il associait à des désirs plus confus les formes violentes de Catherine et les parfums légers de sa peau de brune.

Le dernier dimanche de décembre, comme il arrivait sans Bertrand d’Ouville que la neige avait effrayé, Mademoiselle lui apprit brusquement de sa voix flûtée que Geneviève faisait ses malles pour aller passer trois mois à Paris. Elle y avait une tante, qui l’invitait depuis longtemps et se promettait bien de la marier.