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Il continuait à habiter le cabaret Pitollet où Clotilde l’entourait de soins délicats qu’il ne remarquait pas, et à se rendre chaque dimanche au château d’Epagne.

Il se donnait beaucoup de mal pour y plaire et avait l’impression d’y avoir assez bien réussi. Son sourire était sans grâce et ses plaisanteries douloureuses, mais il apportait des idées à ces jeunes filles fort ignorantes : elles l’écoutaient d’autant plus volontiers qu’il était joli et, quoique petit, bien fait.

La nuit tombait maintenant très tôt : Catherine et Geneviève mettaient des manteaux épais et, dans le parc, où la lune à son premier croissant allongeait les ombres des sapins, Philippe leur parlait des étoiles et leur disait les noms qu’inventèrent jadis pour elles des bergers chaldéens et des pasteurs arabes. Pour mieux voir, Catherine s’appuyait contre lui et parfois il devait prendre la