Page:Maurois - Ni ange, ni bête, 1919.djvu/74

Cette page n’a pas encore été corrigée

mes fermiers, gros contribuable, se plaignait à moi l’autre jour de ces secours aux réfugiés : « Je vais, me dit-il, demander au sous-préfet une place de polonais. »

— Il est électeur ? dit Philippe sarcastique. Il l’obtiendra.

Et il dénonça la corruption qui envahissait le pays légal : les députés disposaient du budget, de bureaux de poste, de débits de tabacs, de tronçons de chemin de fer.

— Tout cela est malheureusement vrai, dit Bertrand d’Ouville, mais le moyen de l’éviter ?

— Il est fort simple, dit Philippe, c’est le suffrage universel… ce qui est possible avec un corps électoral réduit deviendra impossible quand la nation votera toute entière.

— Le suffrage universel ! dit l’archéologue avec un peu d’irritation. Ce serait l’anarchie.

Philippe haussa les épaules : le vieux lion fit entendre des grognements préparatoires :