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schismes… Puis le dogme : le cours était fait par un jeune abbé timide qui n’aimait pas mes questions. Il n’était pourtant pas bête.

Elle sourit à un souvenir.

— Un jour, il avait donné en composition l’immortalité de l’âme. Je l’avais prouvée en montrant que les méchants doivent être punis quand ils ont échappé aux châtiments terrestres. « C’est une mauvaise raison, me dit l’abbé Hamon, elle prouve que l’âme survit au corps mais on ne voit pas pourquoi ce serait pour l’éternité. Les méchants seraient aisément punis en quelques années. » C’était juste, ne trouvez-vous pas ?

— Oui, dit Philippe, qui marchait maintenant derrière elle sur le chemin de halage étroit, mais comment la prouvait-il, lui ?

— Je ne sais plus : cela n’a pas grande importance… On nous apprenait aussi l’histoire romaine, à cause des martyrs. J’avais été vivement frappée par l’histoire des Carthaginoises