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« Ces scènes d’émeute ont affolé votre ami Bresson. Il a fait voter par la Garde Nationale une motion refusant aux ouvriers des fusils que demandait pour eux le délégué, et il organise avec le maire des cortèges de protestataires. Mais tout cela est sans danger, car les deux partis s’entendent pour ne pas manifester le même soir. D’ailleurs vous connaissez Abbeville et s’il se trouvait ici deux hommes pour se battre, il s’en trouverait vingt pour les en empêcher.

« À Amiens cependant les choses se sont gâtées par la faute des commissaires. M. Ledru-Rollin, par erreur sans doute, en avait envoyé trois qui tous refusaient de s’en aller. Le premier venu, Leclanché, a trouvé le moyen d’exaspérer nos gens par sa tenue : chapeau à boucle d’acier, gilet blanc à grands revers, pantalon collant et bottes molles. Ce spectre de conventionnel a été ramené à la gare un peu vivement. Les Amiennois acceptent la République, ils l’acceptent