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élections sont vraiment libérales, nous pouvons avoir une République tranquille ; si elles sont trop conservatrices, nous aurons sans doute une émeute qui dispersera l’assemblée. Alors ce sera la guerre civile. M. de Vence croit à Henri V, d’autres à Louis-Bonaparte, mais ce dernier s’est discrédité par son équipée de Strasbourg et personne ne le prend au sérieux.

— Moi, je mets ma confiance en Lamartine, dit Geneviève, j’en ai conservé un souvenir très beau ; c’est un homme si noble.

— Heu… ou-i, dit Bertrand d’Ouville, vous savez qu’il y a deux types de politiciens redoutables : les coquins et les saints. Moi je me méfie des révolutions des anges : nous en avons déjà eu une. Elle a produit l’Enfer : c’est un fâcheux précédent, comme dit votre amie Delphine.

« Lamartine est intelligent ? À coup sûr. Est-ce un mal ? Est-ce un bien ? J’en fais juge un Barbès et n’en décide rien. Ah ! l’intelligence est