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Lucien accablé se tut.

Des cris de colère, des menaces de mort, lui apprirent ce qui l’attendait.

Caussidière ne voulait pas d’un procès qui aurait fait connaître les renseignements exacts et sévères que donnaient les lettres sur son existence ingénieuse et libre ; il se déclara partisan de le fusiller sur l’heure dans le jardin.

— C’est impossible, dit Albert nettement, nous venons de supprimer la peine de mort, ce serait un meurtre qui soulèverait une affaire terrible.

— Alors qu’il se tue lui-même, dit Caussidière, j’ai ici un revolver, il ne peut vivre, il en sait trop.

Plusieurs voix approuvèrent. La solution leur paraissait honorable et prudente.

— C’est inutile, dit soudain Lucien qui écoutait, je ne me tuerai pas.

— Alors il faut le laisser, dit Albert, c’est un lâche.