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les vins de l’ex-préfet et l’on y voyait trop de filles dans le Corps de garde des Montagnards.

Viniès qui était, par tempérament, un ascète, souffrait de ces choses et se reprochait sa pruderie. « Pauvres diables, pensait-il, ils se réjouissent à leur manière d’être libres. » Mais il eut préféré les kermesses idylliques de Cabet.

Il avait été très étonné de trouver, parmi les dossiers politiques, des fiches sur lui-même, fort bien faites, assez élogieuses pour son caractère et tout à fait méprisantes pour son intelligence.

On y dénonçait, avec une exactitude surprenante, la faible propagande républicaine qu’il avait essayé de faire à Abbeville. Caussidière, à qui il en parla, lui demanda son propre dossier. Philippe le trouva : le nouveau Préfet y était décrit comme un industriel suspect, un charlatan éhonté et un conspirateur