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Le 20 février, il y avait en France cinq mille républicains ; le 1er mars il y en avait vingt-cinq millions.

Ainsi dépourvu d’opposition, le Gouvernement était désuni ; c’est sur des haines communes que se fondent les sociétés humaines. Ces gouvernants auxquels se ralliaient tous les partis eurent vite fait de devenir eux-mêmes des partisans.

Dupont de l’Eure, Garnier-Pagès, Marrast, voulaient des élections rapides et honnêtes qu’ils espéraient conservatrices ; Ledru-Rollin et ses amis faisaient de la politique et espéraient bien aussi faire les élections ; Blanqui et les Clubs vaguement soutenus par Louis Blanc, désiraient une dictature forte et populaire et préparaient la guerre civile ; Lamartine, une fois de plus, siégeait au plafond et faisait voter des réformes nobles et vagues.

Cependant, Caussidière, à la Préfecture de Police, s’installait solidement ; les aristocrates