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à voix basse comme dans une chambre de malade.

Philippe ne vit d’abord que Lamartine, les vêtements déchirés, le cou presque nu, les cheveux luisant de sueur ; il éclairait vraiment cette assemblée confuse de la beauté de son visage grave et fin. Il critiquait un projet de décret sur la formation d’une Garde Nationale Mobile ; suivant une vieille formule, on s’occupait déjà de transformer les mécontents en soldats.

L’entrée de Caussidière interrompit la discussion. Albert vint à lui, Flocon lui fit fête, Lamartine et Marrast qui ne l’aimaient pas et qui le craignaient se levèrent et l’emmenèrent vers la fenêtre pour essayer de le convaincre d’abandonner la Préfecture. Le gros Tartare regardait ces aristocrates de ses petits yeux malins, bien décidé à ne pas se laisser faire.

Sur la place, une fusillade crépita, puis s’apaisa.