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pour apprendre ce que savait Philippe. Devant les cafés, les rassemblements grossissaient. Des mots flottaient dans l’air : « Régence… Thiers… Garde Nationale… Guizot. »

Les gens buvaient ferme pour s’occuper.

Philippe avait lu dans le journal local les émeutes au sujet du Banquet réformiste, mais il les croyait réprimées.

— Je voudrais que cette démission du ministère fût vraie : mais je n’y crois pas.

Il quitta cependant ses scribes pour aller aux nouvelles avec elle. Ils rencontrèrent Bresson: il avait des renseignements officiels et en était si fier qu’il oublia la querelle de sa femme avec les Viniès et s’arrêta.

— Le courrier n’est pas arrivé, dit-il, et les journaux manquent, mais le sous-préfet a eu des nouvelles par Amiens. Tout va bien: la Réforme électorale est accordée. La Reine a demandé le départ de Guizot : Thiers et Molé sont ministres… C’est parfait, parfait…

Il se frotta les mains.