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tant de hontes : le peuple regardait et faisait école de mépris.

De plus ce peuple avait faim : le pain était cher et rare. Abbeville même, métropole campagnarde, en manquait quelquefois et ses habitants pacifiques regrettaient d’avoir à murmurer. Le sous-préfet recevait de la Gendarmerie des rapports inquiétants et anormaux.


GENDARMERIE de la SOMME
LIEUTENANCE D’ABBEVILLE
n° 179

Abbeville, le 3 août 1847

MONSIEUR LE SOUS-PREFET,

« J’ai l’honneur de vous informer que dans la matinée du 26 de ce mois deux placards séditieux ont été découverts à Abbeville, affichés l’un sur le mur du Pont-au-Poiré, l’autre au jardin de l’Hôtel de Ville, rue des Carmes. Ces placards ont environ vingt centimètres de hauteur sur dix centimètres de largeur. Ils sont ainsi conçus :