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de la gloire littéraire ; aux aspirations bucoliques avaient succédé de très nobles ambitions politiques. Il s’ennuyait.

Philippe qui s’était rapproché, dit que ses amis attendaient du poète de grandes choses, surtout s’il acceptait le principe de réformes sociales.

« La politique, répondit-il assez dédaigneusement, est une science expérimentale où les principes ne se jugent bien qu’aux conséquences, mais ce pays-ci veut des idoles et non des hommes d’Etat. La foule s’attache à mes pas ; je ne puis pas faire de miracles. »

Puis il interrogea Philippe sur l’état des esprits en Picardie.

— Oh ! dit celui-ci, c’est le calme, le calme du sommeil et de la mort : un peuple de momies enveloppées des bandelettes de leurs préjugés provinciaux. Je m’efforce d’y répandre la Réforme de M. Flocon, mais sans grand succès.