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— Je ne veux pas que tu traites mes amis avec ce mépris. Et ceci surtout quand il s’agit d’hommes comme Lucien qui est non seulement un camarade d’école, mais un camarade de lutte… Je ne prétends t’imposer aucune contrainte, continua-t-il avec plus de bonne grâce, mais vois toi-même : comment pouvons-nous espérer fonder un état de choses fraternel si nous ne sommes pas capables de vivre en paix les uns avec les autres.

— Allons dit-elle, avec un sourire un peu triste : c’est toi qui le veux… Tu tiens à savoir pourquoi je méprise ton Lucien : c’est parce qu’il est méprisable.

Il eut un geste d’impatience.

— Ecoute : depuis que j’ai accepté, sur tes instances, de me promener avec lui, il n’a cessé de m’accabler de compliments sur ma beauté, mon charme, mon esprit… Puis il a insinué que ton intelligence et la mienne étaient de qualités bien différentes, que tes