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qui étaient les pierres tombales de moines et de seigneurs oubliés.

— J’aime cette promenade mesurée, dit-elle avec animation : on y sent ses pensées limitées comme ses pas. Est-ce parce que j’ai été élevée au couvent ? Mais la vie monastique m’attire, comme une sorte de suicide inoffensif et doux.

— Je me ferais volontiers moine, dit-il, cela n’a rien de médiocre et l’on doit pouvoir goûter dans cet état, qui vous soustrait aux soucis du monde, des jouissances intellectuelles effrénées… Mais aussi on ne vit qu’une fois et je suis certain que les âmes qui dorment sous ces dalles de pierre regrettent éternellement les occasions de plaisir qu’elles ont laissé échapper sur terre…


* * *

Le soir, Philippe remarqua que Geneviève était sombre et traitait avec sécheresse et ironie