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cents ans auparavant, le comte Guy de Ponthieu avait passé la revue de son armée d’Orient, Lucien écoutait avec complaisance Cabotin, dit La Ressource, jouer, solitaire et magnifique, le Bâtard de Duguesclin.

— À la vérité fort bien, disait Duguesclin à ses hommes d’armes, représentés par de petits cercles blancs sur les pavés, à la vérité fort bien, nous autres, hommes du moyen âge, ne devons pas oublier que nous partons demain pour la guerre de Cent Ans.

« Nous autres hommes du moyen âge » est charmant, disait Lucien ; est-ce plus comique d’ailleurs que le « nous autres hommes de progrès » de ce vieux Philippe ? Il part volontiers, lui aussi, non pour la guerre de Cent Ans, mais pour la Paix Éternelle. C’est bien la même chose.

— Mais, dit-elle, avec un loyalisme conjugal un peu hésitant, est-ce bien à vous de railler Philippe ? Vos opinions sont les siennes…