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servait avec une terreur respectueuse et poussait des cris quand elle trouvait, en apportant le plat suivant, Philippe déclamant à tue-tête un article de la Réforme et Geneviève au piano chantant les Deux Grenadiers.

Cette bohème rustique était d’ailleurs aimable ; le goût de Geneviève la sauvait du désordre. Philippe eût été heureux dans une chambre aux murs blanchis à la chaux et aux meubles de bois blanc. Elle était plus exigeante et avait su trouver pour fort peu d’argent des meubles anciens et sobres dont elle avait fait une chambre vivante qui servait de salon et de salle à manger.

— Et vous ne vous ennuyez jamais ?

— Jamais. Le matin, j’ai ma maison ; Philippe m’emmène souvent dans ses tournées. Le soir, je fais de la musique ou bien nous lisons à haute voix. Philippe m’apprend aussi les mathématiques.

— Pourquoi faire, mon Dieu ?

— Mais cela m’amuse.