Page:Maurois - Ni ange, ni bête, 1919.djvu/123

Cette page n’a pas encore été corrigée

s’étaient mariés au mois de janvier 1846 et pendant deux mois ne s’étaient pas montrés. Il décida que cet isolement avait assez duré et les invita à dîner.

Il les jugea heureux : chacun d’eux approuvait des yeux ce que disait l’autre. Geneviève se serrait contre son mari et répétait ses phrases familières. Philippe, retrouvant ses discours dans cette bouche charmante, admirait l’esprit de Geneviève et sa sagesse politique.

Ils le prièrent de venir les voir : il eut soin de s’y rendre un jour où il savait Philippe absent. Ils occupaient une petite maison de briques, assez laide, dans un faubourg. Geneviève lui montra son domaine, un petit jardin de presbytère, plates-bandes de légumes et de fleurs chétives entourant trois pieds carrés de gazon chauve.

Ils vivaient d’eau claire, de fruits, de lait, de crème et de salade, la viande étant un préjugé. Une petite bonne qui les jugeait fous les