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Puis, après un mois environ, le ton avait brusquement changé. C’était maintenant l’horreur de ces visites où l’on s’entretenait des goûts et des ridicules de gens qu’elle ne connaissait pas, de ces vieilles femmes sourdes et criardes, auxquelles il fallait aller se montrer et qui prononçaient haut et dru : — Elle est fort bien, mais un peu maigre.

Une d’elle avait ajouté :

— Et point de gorge.

Et surtout elle protestait contre les mariages arrangés par ces douairières qui semblaient considérer un vieillard titré et riche comme un excellent mari pour une fille pauvre.

— Le mariage, lui avait dit sa tante, n’est point une question de sentiments, c’est un sacrement destiné à donner des enfants à l’Eglise.

« En vérité, mademoiselle, écrivait-elle, j’aurais autant l’idée d’épouser un Patagon que la plupart des hommes que je vois ici.