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parti, monsieur Dourille, petit vieillard à barbe rouge et faunesque qui parlait comme le père Duchesne. « L’un des deux hommes qui connaissent le mieux les révolutionnaires de Paris », dit Lucien, qui goûtait un plaisir assez vif à penser que l’autre était le préfet de police.

Philippe crut partout voir Geneviève : il la reconnaissait dans toute silhouette un peu gracieuse et passa des heures, au théâtre, à regarder fixement au fond d’une loge un visage qu’il croyait être le sien.

Cependant les lettres que Mademoiselle recevait d’elle, heureuses et vives au début, étaient devenues désenchantées. Elle avait décrit avec tendresse ces soirées du Faubourg, modestes et fermées ; l’orchestre composé simplement d’un piano, d’un violon et d’une flûte ; le souper où l’on pouvait choisir entre un bouillon et un lait d’amandes, et les jeunes filles en robe de mousseline blanche, à ceinture bleue, rose ou lilas.