Page:Maurois - Ni ange, ni bête, 1919.djvu/103

Cette page n’a pas encore été corrigée

un vieux général l’appela : ses broderies d’or rouillées et sombres, sa plaque de la Légion d’honneur ébréchée disaient la gloire de l’Empire. Entassé sur un divan, il suivait des yeux avec horreur un jeune officier qui évoluait, la taille sanglée d’une ceinture lie de vin.

« Qu’est-ce que c’est encore que cela, Bertrand ? On a des inventions à présent… des inventions inconcevables… »

Il s’arrêta pour souffler bruyamment, puis grogna contre la campagne d’Algérie.

« Belle conquête ma foi ! Une armée d’occupation qui n’occupe rien… la soumission des tribus ? Cela consiste quand elles ont cinq cents chevaux à offrir une rosse à Bugeaud… Sur quoi nous pensionnons le chef… Au premier coup de fusil en Europe, ces pensionnés nous tireront dessus… Que diable allons-nous faire là-bas ?… Tout cela ne durera pas dix ans. »

Un aide de camp s’approcha, sémillant,