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chasses et voyages au congo

Dans ce cas nous nous verrions dans l’obligation de le tuer ce qui serait passablement ridicule et fort ennuyeux. Le permis de chasse donnant droit à deux éléphants seulement, il serait fâcheux de sacrifier ainsi sa chance inutilement. Nous nous retirons donc sans coup férir, et nous hâtons de retourner, car l’orage vient d’éclater formidable et sans prendre nos tippoyes trop froids sous l’ondée, nous rentrons à pieds et trempés comme des barbets. Le capitaine Bird qui est resté au lit pendant notre promenade, ayant le mépris du buffle qu’il considère comme de la viande (meet) pour les porteurs, me console de ma rencontre manquée avec les éléphants en me disant que dans les troupeaux avec des jeunes, il ne se trouve jamais de mâles ayant de belles défenses, et il m’en promet sur la Luana dépassant les trente kilogs ! Jnch allah !


9 décembre.

Le lendemain le temps est toujours couvert, mais nous reprenons la route, disant adieu cette fois au dernier vestige de civilisation, pour nous enfoncer dans la sauvagerie où nous allons désormais vivre pendant plusieurs semaines. En quittant M. C. et la Texaf dont les locaux servaient auparavant à l’administration avant que celle-ci ait été transportée à Fissi, nous passons à quelque cent mètres de là par le village indigène de Kalembe-Lembe ; il se compose d’une rue principale toute droite et bien tenue, plantée d’une allée de jeunes palmiers dont les troncs sont protégés à la base par des branches pour empêcher le bétail de les abîmer. Les maisons bien alignées, sont des carrés en pisé couvertes en toits de chaume dépassant la construction et formant vérandah. À notre approche, les femmes se sont mises sur le seuil de leurs demeures pour nous voir défiler et nous les voyons par groupes de deux ou trois nous dévisageant tout en continuant à allaiter leurs gosses pendus à leurs mamelles.

Au sortir du village nous passons d’abord devant la