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chasses et voyages au congo

nous voyons se dessiner dans le lointain Kalembe-Lembe le Vieux ; aux approches de l’endroit nous croisons de nombreux indigènes transportant des balles de coton entouré et ficelé dans des osiers tressés formant des quadrillés ; des flocons restent accrochés au passage tout le long du chemin fort étroit bordé de ronces et de roseaux, et l’on dirait à les voir de la neige fraîchement tombée. C’est toute une caravane se rendant à Baraka pour y livrer à la Texaf sa précieuse charge de coton ; mais les indigènes semblent en prendre peu de soin, car la pluie qui s’est mise à tomber, ne doit guère l’améliorer. Nous traversons des champs de maïs semés de-ci de-là de bananiers, mais nos hommes ont hâte d’arriver à l’étape et pressant l’allure, ils se mettent à trotter comme des chevaux qui sentent l’écurie ; un moment encore ils s’arrêtent pour boire au ruisseau, puis, tout en courant, volent et grignotent maïs et bananes qu’ils rencontrent sur le chemin : tels des singes lâchés en liberté ! Encore un pont en branches impressionnant dans sa caducité à enjamber, et nous voilà rendus à notre premier campement !

Kalembe-Lembe me rappelle trois choses. La première de merveilleux cannas en fleurs qui attirèrent nos regards dès notre entrée au village, et nous incitèrent à en faire un bouquet. La seconde la réception de M. C., employé à la Texaf, et dans lequel nous avons retrouvé un ex-trompette aux Guides, qui faisait son service militaire à Duisbourg sous les ordres de mon beau-frère ; la troisième une chasse dans le marais que je vais vous conter. Le village situé dans la plaine encadrée de montagnes est comme encerclé dans un immense cirque d’herbages et d’ajoncs qui a cette saison se transforme en marécage, et où le buffle foisonne paraît-il. Dans un petit tour de reconnaissance que je fais le soir, j’en trouve des traces nombreuses, mais sans voir les bêtes elles-mêmes et nous décidons de partir le lendemain matin pour aller les chercher à deux heures d’ici. Levés à quatre heures nous partons en tippoye malgré