Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/83

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
71
chasses et voyages au congo

Bref, nous nous joignons à la petite troupe de l’administrateur qui est tout à la fois chef civil et militaire de la région qui lui est confiée, et tous ensemble nous montons sur la mogodille de la Texaf qui en moins d’une heure nous dépose sur les lieux du drame.

Luebo est la ferme du colon dont j’ai déjà parlé et présente à notre arrivée un aspect riant qui n’est pas du tout en rapport avec les sombres pressentiments que nous avions, conçus sur ce qui nous y attendait. Une belle allée de grands flamboyants rouges tout chargés de fleurs, met comme une tache de lumière dans ce coin de terre qui a tout l’aspect d’une grande ferme d’Europe : elle mène au bâtiment principal qui sert d’habitation à son propriétaire et est ma fois très coquet avec sa vérandah ajourée et ses parterres fleuris. Plus loin sont les étables qui donnent, abri à un beau troupeau de vaches dont nous admirons les cornes de dimensions extraordinaires, puis à mi-hauteur se profile une suite de petites maisons en bois toutes pareilles et parfaitement alignées dont le but est de donner abri à la population ouvrière qu’emploie le maître de céans. Plus loin encore et plus haut c’est la forêt dont l’exploitation a commencé la fortune de celui-ci et a bien failli lui coûter la vie.

En effet, on nous raconte que dimanche dernier la bagarre a commencé parce que le capitaine d’un petit bateau de la C. G. L. ayant demandé une charge de bois pour pouvoir continuer sa route, M. X. malgré le jour de fête lui avait donné trois de ses ouvriers pour faire le travail en question. Déjà mis de fort mauvaise humeur par cette besogne supplémentaire qui les frustrait de leur congé, l’exaspération des hommes fut portée à son comble quand ils virent que pour transporter le bois de la rive au bateau ils devaient se servir d’un méchant petit radeau qui ainsi chargé menaçait de sombrer. Le capitaine du bateau ayant insisté malgré les observations qu’on lui fit, le radeau se mit en marche, mais avant qu’il n’eût atteint le bateau, il