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chasses et voyages au congo

de l’ambition de ses oncles ou cousins dont il était le jouet entre leurs mains. Quoi qu’il en soit, le Sultan Vano est un tout jeune homme et il ne nous inspire qu’une confiance relative ; il nous fait les présents d’usage, c’est-à-dire quelques œufs pourris et une couple de volailles étiques, que nous payons en retour, comme le veut la coutume, le double de leur valeur et après une légère halte au milieu des siens, le village se composant en tout et pour tout d’une demi-douzaine de huttes de chétive apparence, nous disons adieu aux Bubuadi qui est le nom de la race autochtone et nous rembarquons.

Entre temps, le soleil a réapparu et notre équipage s’est rembarqué séché et réconforté par une distribution de Manioc octroyé par le Sultan, mais nous n’allons pas beaucoup plus loin ce jour-là. Le long de la berge nous apercevons dans les branches d’un arbre qui surplombe le lac, un singe qui attire et retient notre attention, et ayant mis pied à terre, nous nous sommes mis à le poursuivre en faisant un véritable exercice d’acrobate sur des rochers mousseux et glissants ; inutile d’ajouter que le singe, plus agile que nous avait depuis longtemps disparu, quand nous sommes arrivés à l’endroit où nous l’avions d’abord aperçu et après cet intermède, l’après-midi étant déjà assez avancée, nous décidons de camper sur une assez jolie petite presqu’île que domine à l’arrière une belle cascade, tombant du haut de la montagne et déversant probablement Par là le trop-plein du petit lac que nous avons visité il y a quelques jours sur la hauteur. Et de même qu’on a vu que celui-ci n’était pas un mythe, nous constatons que ce qu’on nous a dit au sujet de la presqu’île qui soi-disant devait être inhabitée, est parfaitement inexact ; au contraire, ses rives sont parsemées de petits villages qui se cachent dans des criques au milieu des plantations de manioc, ce qui explique d’ailleurs le manque de gibier que j’ai signalé, les indigènes l’ayant sans doute massacré.