Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
61
chasses et voyages au congo

mais jamais nous n’aurions pu croire que ces tas que nous prenions pour des amoncellements de pierres et d’herbe étaient des huttes, et que toute une population se dissimulait dans l’anfractuosité de la côte qui lui servait d’abri. C’est que le noir a un don tout spécial pour se cacher et il arrive même à rendre sa demeure invisible, de telle sorte qu’il faut un œil exercé pour la découvrir.

27 novembre.

À 7 h. 1/2, mûs par la curiosité qui nous a entraînés dans ces parages, nous nous mettons en route bien décidés a aller à la reconnaissance du lac qu’on nous a signalé, malgré la résistance du chef du village et de nos hommes qui voulaient nous en dissuader. Je n’ai jamais compris pour quel motif cet endroit inspirait aux indigènes une sainte terreur, car le lac Kalwé, pour l’appeler par son nom, n’a rien de bien effrayant. Mais une montée assez pénible de plusieurs heures serait un motif suffisant pour expliquer le déplaisir que nos hommes mirent à nous suivre dans cette ascension, car le noir étant comme tout le monde sait, partisan du moindre effort, ils trouvaient parfaitement superflu de se fatiguer dans un but dont ils ne voyaient pas bien l’utilité. Situé à 1.325 mètres d’altitude, ce petit lac forme au milieu des montagnes comme une poche d’eau, c’est sans doute le cratère d’un ancien volcan éteint, et il est entouré d’une plaine marécageuse avec de hautes herbes qui rendent à peu près impossible de s’en approcher ; néanmoins nous avons été aussi près de ses bords que la prudence nous permettait de le faire, et avons bu de son eau pour nous convaincre qu’elle n’était point salée comme on nous l’avait assuré. Pour rien au monde nous n’aurions pu décider l’un des hommes qui nous accompagnaient à en faire autant, car ils étaient persuadés que ce breuvage serait pour eux rempli de maléfices.

Nous relevâmes aux environs quelques traces fraîches d’éléphants parmi lesquelles une assez grosse pour nous