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En pirogue
26 novembre.

La presqu’île de Burton est peu connue jusqu’ici, et un nombre fort restreint de Blancs y ont pénétré avant nous ; une mission américaine la visita il y a quelques années, et l’on dit qu’un lac s’y trouve à son sommet. Le mystère dont on l’entoure, pique notre curiosité. Nous affrétons la pirogue d’un Grec qui moyennant finance met son équipage à notre disposition, et nous voilà partis pour notre première expédition.

À nous s’est joint un Anglais rencontré sur le bateau entre Kigoma et Baraka, et qui désormais sera notre compagnon de route pendant les semaines à venir. Le capitaine B., ancien officier aviateur pendant la guerre, vient de passer sept années consécutives en Afrique à tuer la grosse bête et principalement l’éléphant, et maintenant fatigué de son rôle meurtrier, — il a 230 éléphants à son actif, — il a décidé de les photographier, et il part armé d’un merveilleux appareil cinématographique, dont il ne connaît pas encore trop bien le maniement.

Notre pirogue, comme toutes les pirogues indigènes, est un tronc d’arbre creusé, long de 15 mètres environ, sur 1 m. 50 de large, il est manœuvré par dix rameurs noirs, et nous y montons, ma femme, le capitaine et moi-même plus nos boys, et les deux agents de police que l’Administrateur nous a donnés pour nous garder, en tout une vingtaine de personnes.

Nous avons décidé de faire la traversée de nuit, car à ce moment-là, le lac est généralement calme, tandis que