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chasses et voyages au congo

R. P. blanc. Ce petit manuel avait des pages divisées en trois colonnes, sans en-tête, qui indiquaient en trois langues différentes les phrases usuelles dont on a besoin en voyage. La première colonne était en français, la seconde en un idiome en « i », une manière d’italien, du japonais peut-être, qui ne retint pas mon attention, et la troisième en un jargon aux accents sauvages, que je me mis à bûcher avec une énergie, digne d’un meilleur sort ! Tout fier de ma science linguistique récente et pour épater mes compagnons de route, j’interpellai le premier porteur qui se présenta sur le quai de la gare, en des termes que j’avais soigneusement préparés d’avance.

« Neem gij dezen Zak, ga dan de leaden holen. »

Le résultat immédiat fut que le noir s’enfuit terrifié et avec lui tous les négrillons que la curiosité et l’espoir d’un matabich avaient attirés. Un peu honteux je me dis que sans doute ma prononciation laissait encore à désirer. Mais averti par mes voisins qui me dirent que dans la zone anglaise, les nègres ne comprenaient pas encore le flamand, je me rendis compte de mon erreur. Je m’en consolai vite, car une gymnastique intellectuelle — nous avons bien dû apprendre le grec au Collège — n’est jamais perdue, et celle-ci me servira pour diriger les traqueurs, chez ma fille, dans les Flandres. Réflexion faite, le résultat obtenu n’était que naturel, et je me rendis compte de la cause de la terreur des noirs. Au Caire, quand les mendiants et les quémandeurs m’importunaient par trop, j’avais pris l’habitude de les apostropher d’un « geeste huss » bien appuyé en patois luxembourgeois, et j’en étais définitivement débarrassé, ce que même par la courbache je n’avais pu obtenir. Je-conseille ce moyen à tous mes compatriotes en voyage.

Kigoma port principal sur le lac, du « Tanganyka Territory britannique » ex Afrique Orientale allemande, comme Tabora devrait être belge, et participe aux glorieux souvenirs de la campagne de 1916, car c’est d’ici que partit la brigade du Sud, après avoir débarrassé la rive est du lac