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chasses et voyages au congo

Kigoma-Ujiji
Lundi, le 19 novembre.

Après Tabora le train a repris sa marche monotone par une région couverte d’arbres rabougris. Par ci, par là, des feuilles d’un vert nouveau aux buissons, tandis que le sol est encore jaune de fanes et d’herbes desséchées, indiquent que les pluies ont à peine commencé. Nous arriverons au bon moment pour la chasse d’autant plus que la pluie étant plus tardive vers le Nord, nous remonterons avec elle.

Ici on pourrait se croire nu milieu d’une haie à écorces du Grand-Duché, au moment de La bécasse, quand les bourgeons chassent des branches les dernières feuilles mortes qui ont résisté à l’hiver, n’était la température qui nous rappelle la latitude où nous sommes. Le manque de gibier, et plus encore, la rareté des oiseaux nous étonnent. On nous avait promis monts et merveilles de la réserve de chasse anglaise que la voie traverse, mais nous y pénétrons à la nuit tombée, sans voir la girafe habituelle. Par contre, les premières tsé-tsé ont fait leur apparition tantôt, nous piquant à travers les bas jusqu’au sang ; heureusement que contrairement aux moustiques, elles disparaissent vers le soir et ne sont désagréables que pendant la journée. Puis la locomotive envoie des étincelles dans la nuit et notre sommeil n’est plus troublé qu’aux postes de bois, par la chute des bûches que les noirs de corvée envoient, sans douceur, dans le tender.

Enfin, Kigoma ! Le lundi matin en descendant du train, j’eus une déconvenue désagréable, semblable à celle de l’illustre Paganell lorsqu’il s’adressa au chef Patagon en portugais, croyant avoir appris l’espagnol en traversant l’Atlantique sur le Duncan.

J’avais profité, moi aussi des loisirs d’une longue traversée, pour tâcher de m’approprier les finesses de la langue swahilie, dans un petit lexique très pratique, établi par un