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chasses et voyages au congo

de loin en loin par des installations européennes. Par-ci. par-là des fermes ombragées de manguiers, et des champs de sisal, datant de l’occupation allemande et repris par des Anglais, interrompent la monotonie du paysage et forment des oasis foncées, ou encore des plantations de faux cotonniers, grands arbres qui produisent le kapok, Ersatz, qui sert à rembourrer les matelas de deuxième qualité : (pas confondre avec Kopecks, qui avant-guerre poussaient en Russie et rembourraient les porte-feuilles). On me dit, et je le rapporte sous bénéfice d’inventaire, que peu à peu les anciens propriétaires reviennent et rachètent aux nouveaux-venus leurs concessions à des prix exorbitants. D’autres colons, encerclés et isolés des leurs, vendant à leur tour, les Allemands sont déjà redevenus majorité. C’est un danger ! Mieux eût valu peut-être, laisser quelques mauvaises colonies, à ce peuple prolifique, venu trop tard dans un monde trop vieux, et qui de nouveau éclate dans sa peau, mais qui est industrieux, il faut le reconnaître.

Tabora, Dimanche, le 18 novembre.

Nous entrons en gare de Tabora, l’ex-capitale du « Ost-Afrika » allemand. Quinze minutes d’arrêt, impossible de visiter, il faut se contenter des récits de nos compagnons de route et de nos propres souvenirs. Tabora, anglais ! Si un endroit dans cette Afrique orientale allemande aurait dû devenir belge, c’est bien celui-ci, qui fut conquis par les seules troupes belges, le 19 septembre 1916. Le général Tombeur qui les commandait, créé Baron Tombeur de Tabora pour consacrer moralement une victoire, dont le fruit échappa à la Belgique, fit son entrée dans la ville le lendemain 20 septembre et en prit possession jusqu’en février 1917, lorsqu’à leur tour les Anglais l’occupèrent.

Ces faits sont trop peu connus chez nous, comme du reste toute cette campagne africaine, qui ajoute une page glorieuse à l’histoire militaire belge, après celle de Liège, de Heeren et de l’Yser. Dans le Grand-Duché la censure