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chasses et voyages au congo

les clous de girofle et les portes de l’ancien palais du Sultan. Ces dernières ne font aucune impression quand on a vu celles de l’université de Fez, quoique d’un autre style. Les clous de girofle, ce que j’ignorais, sont les boutons de la fleur d’un arbre, tandis que la vanille qui pousse aussi ici est la gousse d’une plante grimpante, originaire de l’île Bourbon.

Il fait une chaleur humide et qui mouille comme chez : nous entre deux orages mais le ciel est sans nuages, et la mer sans une ride, du plomb fondu à se demander si du doigt on percerait sa surface. Des pirogues bizarres y sont collées, soutenues de chaque côté par des balanciers. Elles doivent avoir un nom ?

Une auto, croisant aux carrefours des policemen noirs, campés sur des socles dans le vide, et qui manient gravement leur bâton blanc comme s’il y avait foule, nous conduit en vitesse à la résidence de campagne du Sultan. C’est un palais quelconque, entouré de champs d’ananas, les premiers que nous voyons, et d’arbres à girofle. Dit-on giroflier ?

Le sultanat de Zanzibar est protectorat anglais. Autrefois grand marché d’esclaves, les esclavagistes en partaient, pour faire des razzias de noirs jusque sur les bords du Tanganyka, comme les Mahdistes en faisaient au nord sur les rives du Victoria-Nyanza. Stanley a fait à Zanzibar ses préparatifs pour sa traversée du continent mystérieux et Jules Verne l’a choisi comme point de départ pour « cinq semaines en ballon. »

La sirène du « Général Duchesne » retentit, vite nous embarquons et disons adieu aux derniers compagnons de voyage anglais qui nous quittent.

C’est tout ce que j’ai retenu de Zanzibar ; je n’aime pas me parer des plumes du paon et raconter ce que je n’ai pas vu ; et puis, pour dire vrai, nos pensées sont ailleurs, nous sommes pressés d’arriver ce soir à Dar-Es-Salam, les bagages et la douane nous préoccupent.