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notre Guillaume-Luxembourg, est la seule voie donnant accès, par des prodiges d’habileté à l’empire de la reine de Saba. Sur un parcours de 850 kilomètres, terminé après guerre seulement, il serpente par des montagnes de fer et de feu et par des déserts arides, grimpant de zéro à deux mille mètres, dégringolant pour enjamber des ravins et des rivières, et aboutit enfin à Addis-Abeba, la « Nouvelle Fleur », édifiée tout d’une pièce à deux mille six cents mètres d’altitude, par Ménélick qui trouvait l’ancienne capitale Gondar trop excentrique et trop proche de l’avancée anglaise au Soudan. Œuvre essentiellement française, de pénétration pacifique et de civilisation, le but commercial du chemin de fer était secondaire et sa valeur inappréciable pour le pays, sous ce rapport, se révélera, quand, sous peu, des routes accessibles aux autos-camions, dont la Soc. P. A. vient d’établir la première, s’embrancheront sur lui, et se ramifieront dans les vallées et sur les hauts-plateaux fertiles du Sud-Est. À l’origine la prolongation de la voie, envisagée jusqu’à Gambella et vers le Nil blanc, aurait donné à Djibouti un tout autre avenir et une importance mondiale, lorsque l’héroïque épopée de Marchand (1898), coupant la route aux Anglais qui venaient du Caire, tenta de joindre, par l’Abyssinie amie, l’empire colonial français de l’Orient à celui de l’Occident. C’est de Djibouti que partit la colonne de ravitaillement et la mission Michel-Bonchamp, dont Michel-Côte lui-même m’a conté les douloureuses péripéties, — la relation imprimée étant épuisée en librairie, — et qui sombra dans les marais inhospitaliers et malsains du Baro, après d’indescriptibles épreuves. Non loin de là, à la fin du dernier siècle, périt le capitaine Bottego, parmesan : son objectif atteint et le cours de l’Omo reconnu jusqu’au lac Rudolph, il rentrait confiant, ignorant l’état de guerre entre sa patrie et l’Abyssinie, auquel la bataille d’Adua mit : fin. Cerné, avec sa poignée d’hommes, par des ennemis mille fois plus nombreux, qui l’avaient d’abord accueilli amicalement, il préféra la mort en com-