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chasses et voyages au congo

et où l’on inscrit ses bagages (chacun a droit à 50 kilos), juste comme dans n’importe quelle gare de chemin de fer ; les voyageurs arrivent peu à peu, de même que le public composé des amis qui viennent prendre congé de ceux qui vont partir, et des curieux pour lesquels le départ de l’avion est encore une nouveauté à contempler. Le moment d’embarquer a sonné ! Vite on serre des mains, on agite des mouchoirs, on prend dans l’avion la place qui vous a été réservée, (il y a 18 places numérotées dans chaque avion) et le garde-convoi ayant fermé la porte d’accès, sans heurt, je ne dirai pas sans bruit, l’avion dégagé de ses amarres se met en mouvement, et roule d’abord sur le terrain dont il se dégage peu à peu, pour monter rapidement ensuite en spirales jusqu’au moment où il a atteint dans les airs, la hauteur voulue pour prendre définitivement la direction qu’il a choisie. À quelle hauteur sommes-nous ? je cherche mon altimètre et tout de suite je m’agonise intérieurement de sottises : idiot, je l’ai oublié dans mon nécessaire ! Rapidement nous avons passé sur le camp indigène et déjà Kin n’est plus qu’un souvenir, nous survolons maintenant un pays boisé, et loin derrière nous le Congo semble un fil d’argent dans la plaine ; nous passons par-dessus la ligne de chemin de fer, et de temps en temps des nuages blancs en dessous de nous, nous cachent la vue.

Cette première partie du voyage est un peu gâtée par le souvenir de mon altimètre oublié, quand tout à coup ô bonheur ! en levant les yeux de dessus mon carnet, j’aperçois devant moi attaché à la paroi du fond, un cadran, qui telle une montre, marque au fur et à mesure que nous montons et descendons, toutes les fluctuations d’altitude de l’appareil qui nous emporte. Cela me console, et désormais je vais pouvoir noter exactement les hauteurs que nous atteignons. Nous voyons en ce moment un pays assez verdoyant, collines boisées, coupées de vallons dans lesquels on voit comme des trous d’air : ce sont des plantations de manioc qu’il est amusant de comparer ici aux