de nuages et le temps frais et couvert, chose rare en ce pays, qui donnent à l’ensemble un aspect tout à fait européen. Jamais je n’ai vu un fleuve changer comme cela. C’est vraiment extraordinaire. Mais nous devions le voir se transformer une fois encore ; peu à peu les nuages que nous avions vu se profiler au loin, s’étaient rapprochés, le ciel s’était obscurci, et bientôt nous nous sommes trouvés pris au centre même d’une épouvantable tornade ; l’horizon devant nous s’était fermé comme un mur couleur d’encre, le vent qui soufflait avec rage nous empêchait d’avancer à plus de 20 kilomètres à l’heure, et bientôt un second orage venant de derrière nous, nous contraignit à nous jeter à la côte, où un autre bateau qui s’y trouvait amarré, nous facilita l’abordage pour éviter les rochers nombreux en ces parages, mais dont heureusement le capitaine connaissait l’existence.
J’ai noté ce dernier soir de notre séjour sur le Luxembourg trois choses qui m’avaient frappé.
1° Le jeu d’un négrillon qui dans une boîte en carton s’était découpé un bateau exactement pareil à celui que nous occupions, cheminée, passerelle, fenêtres tout y était et je pensais à part moi que ce petit sauvage avait mieux qu’un enfant blanc du même âge n’aurait su le faire, réussi à copier ce qu’il avait vu faire aux grands. C’est un peu humiliant à constater !
2° J’ai observé la façon tout à fait protocolaire dont un boy galant a offert la main à une beauté noire pour lui aider à franchir la passerelle en planches qu’on place du bateau sur terre ferme à chaque escale. L’effet de ce beau geste a malheureusement été détruit par celui de la négresse crachant par terre dès qu’elle toucha le sol.
3° J’ai vu un poisson-torpille qui lorsqu’on coupe son épine dorsale avec un couteau sans manche isolant, vous donne une secousse électrique et les indigènes pour rien au monde ne voudraient en manger, parce qu’il a la réputation d’enlever la puissance sexuelle.