Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
275
chasses et voyages au congo

spécialement une couleur lie de vin qui semble jouir ici d’une faveur toute particulière et qui ma foi est fort jolie. Une fois de plus je me rapporte à un an en arrière et ce déploiement de couleur me rappelle mais en moins brillant l’Algérie et cette matinée de printemps à Tlemcen, où pour fêter le renouveau, les femmes avaient sorti leurs plus beaux atours, et les étoffes bleu, rose, orange, violette que nous vîmes ce jour-là et qui paraît-il proviennent des soieries de Lyon et de Suisse, font par comparaison pâlir les cotonnades belges et anglaises.

Que nous sommes loin déjà de nos belles Azandés nues, où une feuille de banane suffisait à cacher le sexe, alors que de nombreux mouchoirs d’indienne sont nécessaires ici pour dissimuler jusqu’au dernier brin de peau !

Vers midi nous passons le Titule sur un ponton, le pont dont nous voyons l’amorce, n’étant pas encore terminé, et nous traversons l’endroit du même nom, où règne une joyeuse animation grâce au jour de fête et à un marché indigène qui s’y tient ce jour là. Mais nous n’y faisons qu’une légère halte et reprenant bientôt la route qui se, poursuit monotone à travers la forêt, entre trois et quatre heures nous arrivons à Buta. Un compatriote, M. Ortegâl, tient un hôtel, mais le mariage du commandant Offermann, qui doit avoir lieu après-demain, a amené dans l’endroit une telle affluence, que nous ne trouvons plus à nous loger, et qu’il nous faut aménager un campement de fortune dans une maison abandonnée ; heureusement que nous avons avec nous notre matériel de literie, et bientôt notre logement improvisé se trouve être aussi confortable que n’importe quelle mauvaise auberge de village. En voyage il ne « faut pas s’en faire », comme dit la jeunesse, ni se laisser arrêter par des détails de ce genre qui sont sans importance. Nous faisons le tour de la ville qui est coquette et pourvue de belles avenues, et le soir nous prenons à l’hôtel un repas agrémenté de nombreux récit sur le « pays » dont notre hôte a reçu récemment les dernières nouvelles.