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chasses et voyages au congo

telées énormes, sont reliés entre eux par des lianes impénétrables ; partout nous avons autour de nous un rideau de verdure très épais qui constitue le véritable refuge des éléphants. Après quatre heures de marche en zig-zag par de nombreux cours d’eau et plusieurs marais, nous faisons halte vers onze heures dans un petit village, où nous cassons la croûte sur notre tippoye et où on nous annonce les éléphants. Nous repartons aussitôt, et arrivons à midi à Lindia sur la rivière Mapai qui n’est guère qu’un ruisseau. Nous y déjeunons en attendant les nouvelles des éléphants, car de même que chez nous en temps de neige, quand on a remis les sangliers, c’est entre midi et deux heures qu’ici les hommes viennent renseigner les éléphants qu’ils ont pisté. Et alors on assiste au moment du déjeuner à la même bousculade que nous connaissons, le tippoye remplaçant simplement l’auto. Le ciel est couvert et menaçant, mais les indigènes prétendent que nous n’aurons que peu de pluie ; toutefois quelques gouttes d’eau commencent à tomber. Le village est très propre car on le balaye tous les matins, et nous nous asseyons en cercle sous un grand toit de chaume en forme de champignon qui sert ici de lieu de réunion, et autour d’un bon feu qu’on a allumé pour nous sécher. Sur trois pierres qui l’entourent, on a posé une marmite, et dans les cendres mes porteurs font braiser des racines de manioc, tout comme chez nous on fait des pommes de terre en « robe de chambre ». 0 surprise, dans la marmite il y a quatre œufs frais, juste à point pour moi et le chef. Celui-ci ensuite se fait arroser les mains avec l’eau de la marmite à la mode ancienne. Décidément, il n’y a plus d’enfants, lisez de sauvages, et rien de neuf sous la calotte des cieux !

Tout s’enveloppe ici dans des feuilles de bananiers ; mes œufs, le manioc chaud des hommes ; cela sert de serviette, de tasse, d’assiette, de pipe, de plateau pour les crottes de gorille, etc. Un de mes porteurs se mouche dans une feuillu,