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chasses et voyages au congo

trois de belle taille. Comme il est trop tard pour se mettre à leur poursuite ce jour-là, nous allons dans les champs de maïs et de manioc qui entourent le village, tirer quelques pintades pour notre souper et j’ai la chance d’abattre également un perdreau qui représente pour moi un exemplaire de la onzième espèce que j’ai tuée au cours de mes voyages. Il est de couleur très foncée sur le dos, un gris brun tirant sur l’orange sur le ventre, avec le bec noir et les pattes citron. Les pintades de ce pays me semblent aussi plus foncées que celles d’Abyssinie, elles ont la tête chauve et recouverte d’une peau grise comme de la corne, un cercle clair entoure les yeux et deux petites crêtes bleues se dressent de chaque côté du crâne.

De Kasseyo les jours suivants, on organise pour moi des battues à l’éléphant ; et bien que ce genre de chasse me plaise infiniment moins que la poursuite personnelle du gibier, car la battue, même en Europe, est le genre de chasse que j’apprécie le moins, la nature et la conformation du terrain en font ici presque une nécessité. De même que dans les Indes pour la chasse au tigre où on a recours à un siège élevé fixé à un arbre, obligatoire pour voir et dominer l’animal qui se faufile dans les herbes, Ici on emploie un stratagème du même genre et l’on se poste soit sur une termitière, soit dans les branches d’un arbre où l’on attend les bêtes que l’on rabat dans la forêt, d’où à force de cris, elles finissent par sortir. Cette manière de procéder diminue singulièrement le plaisir qu’il y a à chasser la grosse bête, dont l’un des principaux attraits est le risque qu’on court en la poursuivant, mais dans ce pays où les forêts baignent entièrement dans le marécage, l’approche des éléphants serait naturellement impossible, et c’est pourquoi l’indigène a imaginé de les contraindre à sortir de leur retraite en les traquant. Donc le chasseur commence par choisir en bordure de la forêt un endroit plus ou moins découvert d’où il peut voir sans être vu et en ayant bien soin de se mettre à bon vent, car le gibier