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chasses et voyages au congo

indispensables pour chasser avec succès dans les colonies. J’en ai maintes fois fait l’expérience pour l’Afrique Française et Anglaise et cette fois-ci le Ministre des Colonies à Bruxelles a bien voulu combler mes désirs de Nemrod les plus ambitieux, et me permettre en outre d’abattre quelques spécimens rares, protégés par la loi au Congo, à condition bien entendu d’en remettre les dépouilles au Musée du Congo à Tervueren. Depuis plusieurs années j’entretiens avec le Dr Schouteten, Directeur du Musée, des relations des plus intéressantes et instructives pour moi, et je lui dois en grande partie le succès de mes démarches et les renseigne­ments qui m’ont permis d’établir un itinéraire fructueux. Car je suis loin d’être un savant moi-même, et il ne faudra pas s’étonner, si comme Bouvart et Pécuchet, je découvre parfois des choses connues de tout le monde ; je n’ai nulle prétention d’en remontrer à autrui, encore moins l’intention de juger et de critiquer les gens et les institutions de pays où l’hospitalité la plus large et la plus cordiale m’a été accordée partout par les autorités et par les particuliers, mais je nourris le désir beaucoup plus modeste, d’essayer de rendre les impressions d’un passant qui aime l’Afrique, voudrait la faire aimer, et dont l’œil averti par de longs séjours dans cette Afrique qui vous conquiert et vous garde, en perçoit le charme, à chaque retour plus pénétrant. Si mes connaissances en histoire et en géographie proviennent en grande partie d’Alexandre Dumas père et de Jules Verne, j’en ai tout au moins tiré un goût tardif des aventures, et de la sympathie et de l’estime pour ceux qui dans la brousse savent vaincre le besoin de confort et le sentiment de la peur qui sommeille en chacun de nous. D’ailleurs Michelet, si séduisant, qui écrivait l’histoire, la grande, pour les grandes personnes, n’a-t-il pas eu de l’imagination en ce qui concerne le passé, et Jules Verne dont les récits enthousiasmaient notre jeunesse, n’a-t-il pas prophétisé les inventions modernes ? S’il avait vécu, de nos jours il aurait vu ses anticipations les plus hardies et les plus invraisemblables se