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chasses et voyages au congo

10 mars.

Le jour suivant, nous partons, allégés de ce poids, nous revoyons le village du fils de Tomba où nous restons une demi-heure à nous reposer, puis après avoir repassé la Kadje et cheminé « pole-pole » doucement à travers de nombreuses plantations de manioc, nous arrivons vers midi et demie au village de Basia où nous devons camper. Dans chaque village Tomba a une femme plus ou moins jeune, qui vous serre la main avec onction et un fils barbu qui aime à boire du whisky et donne son nom à la localité dont il est le chef.

Basia ne fait pas défaut à la tradition, et à peine sommes-nous arrivés, que nous voyons paraître les deux personnages en question qu’il nous faut régaler, comme d’habitude, pour obtenir d’eux les renseignements que nous sommes venus leur demander.

Nous apprenons que nous sommes tout près de la montagne Bagunda et que de belles antilopes se promènent non loin de là dans les collines avoisinantes. Nous nous remettons en chasse sans plus tarder, et tandis que je rentre bredouille de ma promenade du soir, ma femme a la chance de rencontrer une harde de bubales dont elle tue un magnifique exemplaire. Et le soir, à l’heure du souper, tandis que les hommes assis sans bruit autour de leurs douze feux alignés sur la place, elle me raconte ses prouesses et que, fatigués, nous songeons à aller nous coucher, car il est déjà tard (7 h. 3/4), soudain nous entendons dans le lointain un chant qui se rapproche et nous voyons dans le ciel un reflet d’incendie : ce sont les hommes qui rapportent à la lueur des torches la bête tuée l’après-midi, et de près, quand ils débouchent de la forêt, toute l’escorte prend l’aspect d’une retraite aux flambeaux qui arriverait sur la Place d’Armes, un soir de « Kineksgeburtsdag ». Il n’y manque que le « Feierwôn », remplacé ici par un chant