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chasses et voyages au congo

à-dire comme servantes (puisque l’esclavage est aboli en théorie), un nombre imposant, allant parfois jusqu’à cent et au delà, de personnes du sexe faible pour le servir, alors que bien souvent une seule favorite jouit de ses faveurs. Ce qui explique que ces grands chefs ont peu d’enfants, la plupart de ces femmes étant condamnées à la stérilité, et l’une des choses qui surprend le voyageur dans ces régions, c’est d’y rencontrer si peu d’enfants, alors qu’on croirait au contraire qu’ils doivent y pulluler.

Outre le bouquet de feuilles, les femmes portent ici attaché par derrière, une espèce de coussin en herbes sèches, qui forme comme un fauteuil naturel, et j’en vois entre autres une qui porte une ; chaise attachée à son postérieur ; cela lui sert autant de siège que de vêtement, et doit être bien commode quand elle désire s’asseoir.

Nous remarquons encore sur la place du village un grand coffre en bois monté sur quatre pattes, et ayant un trou au milieu ; j’en avais déjà rencontré deux semblables au cours de notre randonnée des derniers jours, mais sans Savoir ce qu’ils représentaient et me demandant si, comme au Manyema, ils devaient figurer un dieu quelconque sous forme d’animal. Nous apprenons que c’est un gong qui joue ici le rôle de nos anciens beffrois, et qui sert à rassembler sur la place, la population pour lui faire part des ordres ou des nouvelles que les autorités ont mission de lui communiquer.

Il y a aussi la façon de fumer des hommes qui nous semble tout à fait spéciale et remarquable ; ils bourrent une espèce de calebasse de tabac à fumer et y mettent le feu, puis se passent le tuyau de bouche en bouche pour qu’à tour de rôle ils puissent en aspirer l’arôme ! Cela m’a fait penser au calumet de la paix des anciens Indiens.


8-9 mars.

À 6 h. 1/2 du matin, nous nous remettons en route et après deux heures de marche, presque continuellement à