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chasses et voyages au congo

À la mienne surtout, car des liens s’étaient d’emblée forgés entre nous qui malgré l’âge différent (il venait de dépasser la quarantaine et j’approchais de la cinquantaine) eurent cette spontanéité charmante de la camaraderie printanière. Elle ne s’atténua point avec les années. Nous nous disions toutes choses avec l’abandon d’une confiance entière.

Qu’ai-je aimé en lui ?… Sa silhouette circule à travers tant de souvenirs ! Non seulement je le revois à chacune de nos sessions olympiques à Budapest, à Stockholm, à Lausanne, à Paris, à Rome, à Anvers, à Prague mais je l’entends au lendemain de la guerre prendre la parole à la Chambre Luxembourgeoise dont il fit partie pendant douze ans. Je me le rappelle courant Venise en gondole avec sa famille et la mienne, à Marseille, dans le tohu-bohu des départs pour l’Abyssinie où se complaisaient son sens pratique d’ancien industriel, sa passion d’aventures sportives et sa curiosité de voyageur insatiable. Je le retrouve à travers les circonstances et les entourages les plus disparates et toujours si admirablement lui-même, c’est-à-dire compréhensif à un degré rare, et modeste, à un degré bien plus rare encore. Beaucoup d’hommes de haute valeur s’imposent la modestie et réussissent à se faire pour cela justement apprécier. Mais elle est chez eux raisonnée en quelque sorte réfléchie. Maurice Pescatore possédait cette vertu de façon innée et constante. Elle lui coulait dans le sang. Les lecteurs des pages qui suivent s’apercevront de sa haute culture à laquelle lui-même ne croyait point. Il ne croyait jamais à ses propres qualités, pas même à sa valeur sportive. Et quel sportif n’était-il pas ?

Aux séances de la Chambre Luxembourgeoise que je viens de rappeler je me souviens d’avoir apprécié avec l’aisance de ses exposés, sa dialectique calme, bien enchaînée, ordonnée et dont l’idée centrale restait toujours visible de partout comme une cloche s’élevant au-dessus d’une agglomération d’habitations. Point d’effets oratoires sinon ceux