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chasses et voyages au congo

le soir en pyjama devant la tente, et au contraire, presque toujours nous nous calfeutrions sous la tente bien close et après nous être chaudement vêtus.

Du reste hier au soir pendant que nous dînions chez l’administrateur, le ménage Willemart, pour réchauffer l’appartement, on avait apporté deux braseros, qui dans l’espèce, n’étaient que des « tanikas » trouées, excellente invention du reste, qui prouve pour l’ingéniosité de ceux qui ont affecté à ce nouvel usage les vieux bidons d’essence, qui rendent déjà tant d’autres services, et ce matin, délicate attention de l’administrateur, on m’apporte un nouveau brasero qui va me chauffer, pendant que je prends mon bain.

Peu à peu le brouillard se lève comme sur la Sarre à l’automne au moment du brâmage et bientôt Lubero se dégageant des nuages, apparaît tout entier : le poste est vraiment charmant, et son climat, à cause de sa fraîcheur même passe pour un des meilleurs d’Afrique. Situé dans une espèce de cuvette, il est entièrement encerclé de montagnes, celles-ci sont couronnées de forêts, mais à part les singes à face rose, espèces de gorilles dont nous parlait Sapieha, elles sont vides de gibier, phénomène qui s’explique par la densité de la population qui peuple la région ; de nombreux villages sont perchés sur toutes les collines et chaque coppette est couronnée d’une bananeraie. Sans celle-ci on se croirait en Europe, tant l’aspect des jardins est semblable à celui, de chez nous ; seuls les aloès qui bordent les routes comme en Espagne ou en Sicile, font penser au Midi.

Je franchis le seuil de l’habitation mise à notre disposition comme logement, et dès les premiers pas, je me trouve en présence d’une jonchée de fleurs : roses, œillets, dahlias, capucines, violettes et même des pensées, les premières que je vois ici, alternent à l’envi, composant le plus merveilleux tapis qui ne rappelle en rien l’Afrique. Tour à tour une bordure de géraniums ou d’œillets du poète lui sert de