Page:Maurice Pescatore - Chasses et voyages au Congo, 1932.djvu/226

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

viii

EN CAMION À TRAVERS L’ITURI

21 février.

Mon opinion sur le danger de l’automobile est encore confirmée le lendemain, quand juchés sur un nouveau camion, nous sommes conduits à toute allure par un nègre, et que nous avons escaladé jusqu’à 2.300 mètres une route en spirales, à flanc de montagne, et dérapante à soufrait. Par d’innombrables lacets dont nous avions de loin vu les tournants rouge brique en arrivant l’autre jour à Kassanga, nous sommes parvenus à la crête « Kogonil » qui est celle de la séparation des eaux des deux bassins du Congo et du Nil, les unes coulant vers l’Atlantique, les autres vers la Méditerranée. Le point culminant est à Matembe, à 2.380 ; de là-haut la vue est merveilleuse, mais on n’a pas le loisir de l’admirer, absorbé comme on l’est par l’aspect de la route, car le chauffeur s’est engagé maintenant dans une descente vertigineuse, le long de la paroi de la montagne qui est comme un vrai mur, coupant ses virages avec dextérité en surplombant le vide. Et sans être craintif, on ne se sent pourtant pas très à l’aise, perché sur le haut d’un camion surchargé de deux tonnes, et à chaque nouvel tournant, quand on est balancé dans l’espace, on se mord les dents, en crispant tous les membres ; ce sentiment d’insécurité qu’on éprouve est encore augmenté en voyant les débris de l’auto de la veille, qui ayant culbuté, a roulé plusieurs fois sur elle-même avant de s’arrêter au fond du ravin ; le chauffeur noir, protégé par le toit en bois de