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chasses et voyages au congo

raides, dont les marches seraient taillées dans le granit ; parfois il faut escalader de gros blocs ou se glisser le long d’une paroi, où le pied trouve à peine la place de se poser ; il ne s’agit pas à ce moment de faire un faux-pas ou d’avoir le vertige. Des traces de mica que nous voyons par terre nous révèlent la nature du sol (schiste). Après une heure et demie d’ascension assez pénible, nous sommes à 1.700 mètres et nous quittons enfin la région désertique, et le chaos des rochers que nous laissons en dessous de nous et nous arrivons à une espèce de plateau où nous retrouvons la végétation des montagnes : arbres et fougères alternent ici, et nous sommes tout heureux après ces semaines passées dans la fournaise, de retrouver la bonne odeur des fougères et un vent frais qui nous caresse le visage. La végétation se compose de tuyas et de bruyères arborescentes et me rappelle celle du Gugu et de nos montagnes des Arrousis ; je trouve une érythrée en fleurs (de la famille des gentianes) à 1.825 mètres à côté du rest-house perché sur la colline, d’où la vue a beaucoup d’analogie avec celle que nous avions de nos tentes dressées sur les hauteurs de Tchollé au Cramseri. L’endroit où nous campons s’appelle Kabasha de même que celui d’où nous venons, ce qui fait supposer que tous deux appartiennent au même chef de ce nom, et tandis que nous nous installons, le Capita auprès duquel je me suis fait informer vient nous dire qu’il y a des buffles dans la région et que la veille même on en a vu un troupeau de cinquante. Rendu méfiant par mes expériences précédentes, je l’ai envoyé en tournée de reconnaissance et quand à 2 h. 1/2 il est revenu en me disant qu’il avait posté une sentinelle devant les buffles, malgré la fatigue, suite de notre ascension du matin, je me suis laissé tenter par l’aspect du pays, montagnes récemment incendiées avec des marais verts à hauts roseaux non brûlés dans les vallons, et je me suis décidé à suivre le guide du capita. Me traînant derrière lui, nous avons d’abord pris un sentier dans la brousse