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chasses et voyages au congo

les bords du lac étaient très habités, et que nous lisons dans la relation qu’il nous laissa de son voyage (À travers le Continent mystérieux), qu’il eût plus d’une fois maille à partir avec les peuplades sauvages très nombreuses de la région, nous constatons à présent que le pays est à peu près vide d’habitants. C’est surtout la maladie du sommeil qui a causé de grands ravages dans la région, et la mouche tsé-tsé en s’attaquant d’abord au bétail, et puis ensuite à l’homme a peu à peu ruiné toute cette partie du Congo. La dysenterie a fait le reste, et l’on nous cite tel village, autrefois prospère, où aujourd’hui il n’existe plus qu’une dizaine de huttes misérables, et quand le vieux Sultan qui y vit encore avec les débris de sa famille, aura disparu à son tour, plus rien ne subsistera de son ancienne prospérité.

Le lac Édouard dont l’immensité ne se distingue pas tout de suite, car ses bords sont couverts de roseaux, est connu pour les quantités innombrables d’oiseaux aquatiques qui se tiennent sur ses flots. C’est par milliers que l’on pourrait compter les oies sauvages, les canards et les sarcelles, les grèbes et les courlis de tout genre que l’on voit ici tour à tour se poser sur l’eau, ou faire de grands vols dont le ciel est obscurci. Mais ce que l’on ne voit nulle part ailleurs, c’est la masse vraiment invraisemblable de pélicans roses qui se trouvent réunis ici ; à perte de vue, en les aperçoit qui nagent par troupes énormes, et ces grands oiseaux dont la taille égale celle du cygne, donnent par le reflet de leurs ailes une teinte irisée à l’eau qui les porte.

J’eus la chance en arrivant au bord du lac, d’abattre d’une seule balle de ma Mauser deux de ces pélicans roses : ce sont de magnifiques oiseaux mesurant 1 m. 82 de la pointe du bec à la queue et 2 m. 75 d’envergure ; leurs sont nuancées de rose clair, leur bec long, plat et large de 0 m. 44 est muni dans sa partie inférieure, d’un énorme goitre jaune serin, sorte de poche membraneuse