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chasses et voyages au congo

lourd et rassemblé et semblent être pendus dans la main tel un cheval de gendarme.

Au cours de notre promenade nous avons fait lever une Ou deux cailles et aperçu deux grues couronnées ; et pour la première fois nous voyons un vol d’hirondelles aux abords de la rivière.

Après deux heures de marche par une chaleur qui va toujours en augmentant, nous arrivons au gué que nous avons désigné pour notre prochain campement et y trouvons rassemblés une telle quantité d’hippos que nous ne résistons pas au plaisir de faire un coup de feu. Nous en avons tué quatre dont un mâle très beau tiré par ma femme. Entraîné par le courant, il alla échouer à une centaine de mètres plus loin, juste en face de l’endroit que nous avions choisi pour y dresser nos tentes et l’après-midi, nos porteurs entrant dans l’eau jusqu’à la taille, telles de noires statues d’ébène, le tirèrent sur la berge où ils passèrent le reste de la journée à le dépiauter et à le manger ; car l’indigène de ce pays n’hésite pas à manger de la viande crue.

Une des bizarreries de la Rutschuru c’est qu’il ne s’y trouve pas de crocos, pas plus d’ailleurs que dans le lac Edouard et l’on peut s’y baigner en toute sécurité ; dans le lac Albert par contre, et la Semliki qui s’y déverse, ils abondent, paraît-il.

La rivière très sinueuse forme de nombreux méandres et par place elle a l’air si paresseuse que l’on croirait presque qu’elle ne coule pas, puis à d’autres’endroits, elle précipite son cours et prend les allures d’un torrent. Notre campement d’aujourd’hui sur ses bords est’des plus pittoresques ; à notre droite, nous avons toute proche la rivière avec les hippos, à notre gauche une espèce de falaise que couvrent des buissons épineux, nos tentes sont dressées entre les deux dans une petite plaine herbeuse, et je me rappellerai longtemps le spectacle de ce soir, les hommes